La Première Nation de Garden River prend en main la surveillance de l’eau

Située à l’est de Sault Ste. Marie, la Première Nation de Garden River est établie le long de la rivière St. Marys - la principale artère reliant le lac Supérieur au lac Huron. Ici, les lacs intérieurs, les rivières et les ruisseaux regorgent de saumons quinnats, de grands brochets, de dorés jaunes et autres.

Mais de nombreuses menaces font de la rivière St. Marys un secteur préoccupant en vertu de l’Accord Canada-États-Unis relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs. Une aciérie et une usine de traitement des eaux usées sont en exploitation en amont du territoire Ojibway. Les activités forestières ont un impact sur les habitats aquatiques. Des espèces envahissantes comme la lamproie marine modifient l’écosystème. Ces menaces font de la surveillance de la qualité de l’eau une priorité ici.

« J'utilise l’eau. Je pêche beaucoup. Je fais du bateau. Je m’y baigne », dit Sebastian Belleau, qui travaille comme coordonnateur communautaire de la qualité de l’eau pour la Première nation de Garden River. « Il est important pour la communauté d’avoir une eau et des écosystèmes sains ».

Établir des bases de référence

Bien que Pêches et Océans Canada effectue des tests périodiques, il n’est pas facile pour les résidents locaux d’avoir accès à ces données, selon Aaron Jones, coordonnateur de la pêche et de la faune pour la Première nation de Garden River.

« Nous voulons être en mesure d’acquérir nos propres données sur la qualité de l’eau, afin de connaître les données de base actuelles et de savoir comment elles évolueront à l’avenir, » dit M. Jones. Pour remédier à ce problème, la communauté autochtone a élaboré son propre programme de surveillance avec l’aide du Dr Elaine Ho-Tassone, boursière postdoctorale et professeur à temps partiel à l’Université d’Algoma.

Cet effort de collaboration comprend aussi plusieurs organisations à but non lucratif. Water Rangers a fourni des kits d’analyse de l’eau et a formé des bénévoles locaux à leur utilisation. Swim Drink Fish a financé un centre d’analyse d’E. coli à la Première nation, ce qui lui permet de tester les échantillons sur place au lieu de les envoyer à un laboratoire éloigné. Des fonds publics provinciaux et Eco Canada ont permis d’embaucher du personnel comme M. Belleau, et l’Université d’Algoma a financé des stages pour permettre aux étudiants de participer à l’analyse des données. Et Great Lakes DataStream fournit la plateforme permettant de rendre publiques et facilement accessibles les données sur la qualité de l’eau qu’ils recueillent.

Surveillance intensive

Une fois par semaine, de juillet à octobre 2021, les membres de la communauté ont prélevé des échantillons à sept emplacements le long de la rivière St. Marys et de deux affluents. En tout, ils ont recueilli près de mille points de données sur la température, l’alcalinité, le chlore, le pH, l’oxygène dissous, etc. Ils ont également réalisé deux études benthiques (fond de la rivière) sur les insectes vivant dans l’eau : des créatures qui fournissent des indices sur la santé globale de l’eau douce.

Alex Sarno, étudiant en biologie à l’Université d’Algoma, a analysé les données sur la qualité de l’eau. D’après son analyse, la plupart des sites sont actuellement en bonne santé ; toutefois, quelques-uns présentaient des niveaux faibles et préoccupants de l’oxygène dissous dont dépendent les poissons et autres espèces aquatiques.

Le nouveau programme contribue à une compréhension de base de la qualité de l’eau. Mais surtout, il permet à la Première nation de générer ses propres données communautaires, ce qui l’aide à prendre des mesures éclairées pour protéger ses espaces naturels. « L’eau est un aspect très important de tout cela », déclare M. Jones. « Elle a vraiment contribué à soutenir notre peuple depuis des générations ».

Photo d'en-tête par Dr Elaine Ho-Tassone.