Perspective d’un quart de siècle de science au chalet

Chaque année en avril, les boîtes de carton commencent à s’empiler au Centre des sciences de l’environnement à Dorset, transformant le laboratoire provincial de haute technologie en quelque chose qui ressemble davantage à un entrepôt d’Amazon.

« C’est fou », dit Liz Favot. En tant que coordonnatrice adjointe de l’intendance des lacs pour la Federation of Ontario Cottagers’ Associations (FOCA), une partie importante de son travail consiste à emballer et à expédier les boîtes. Chacune contient des flacons et des bocaux pour recueillir l’eau du lac, ainsi qu’un disque Secchi pour évaluer la clarté du lac.

Elles sont destinées aux 700 propriétaires de chalets qui participent au Programme extrêmement populaire des partenaires du lac, géré conjointement par FOCA et le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario.

Chaque printemps, des bénévoles prélèvent des échantillons dans plus de 800 sites, qui s’étendent du lac Érié jusqu’à la forêt boréale et de l’est d’Ottawa jusqu'à la frontière du Manitoba. Ces échantillons sont ensuite retournés à Dorset pour être analysés afin de déterminer les niveaux de phosphore, de calcium et de chlorure.

La portée du programme est impressionnante. Mais ce qui est encore plus impressionnant, c’est sa longévité. Alors que les études universitaires ne durent généralement qu’un an ou deux, le programme des partenaires des lacs est en vigueur depuis 25 ans, ce qui en fait l’initiative la plus ancienne du genre au Canada. « Il y a une quantité incroyable de données sur la qualité de l’eau que le public de l’Ontario a travaillé très fort pour générer », dit Mme Favot.

Cerner les tendances

Aujourd’hui, ces données en disent long sur l’évolution de la qualité de l’eau. Par exemple, l’augmentation des niveaux de phosphore peut annoncer la prolifération d’algues nuisibles. Les tendances en matière de clarté de l’eau peuvent mettre en lumière les effets de l’invasion des moules zébrées. La teneur en calcium peut indiquer comment les lacs se remettent des effets des pluies acides des années 80. Et les augmentations de chlorure peuvent mettre en évidence les dangers d’une utilisation excessive de sel pour les routes en hiver.

C’est pourquoi tant d’organisations comptent sur le programme des partenaires des lacs pour obtenir des informations précieuses : municipalités, organismes provinciaux, associations de lacs et entreprises privées. C’est aussi une mine de données pour les chercheurs universitaires, dont Mme Favot elle-même.

En plus de son travail avec FOCA, elle effectue un travail postdoctoral qui consiste à comparer les niveaux de nutriments entre les lacs qui présentent une prolifération d’algues nuisibles et ceux qui n’en présentent pas. Selon Mme Favot, ses recherches ne seraient tout simplement pas possibles sans le programme des partenaires des lacs. « Ces genres de questions nécessitent vraiment de grands ensembles de données pour que les conclusions soient solides », explique-t-elle.

Le pouvoir de la science communautaire

Aujourd’hui, FOCA rend ces informations plus accessibles que jamais en les intégrant au nouveau portail Great Lakes DataStream. « Je pense que DataStream sera un outil très important qui permettra aux bénévoles de s’approprier leurs propres données », déclare Mme Favot, qui considère le partenariat avec les propriétaires de chalets comme la clé du succès du programme.

Ensemble, ils consacrent des milliers d’heures par an. Beaucoup d’entre eux y participent depuis plus de deux décennies.

« Nous n'aurions jamais pu recueillir des informations sur autant de lacs sans l'aide de nos bénévoles », dit-elle. « C'est le pouvoir de la science communautaire et la raison pour laquelle je suis passionnée par ce programme. »

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