Prendre le pouls de plus de 600 lacs du Canada

Quel est l’état de santé des lacs canadiens ? Lorsque Yannick Huot de l’université de Sherbrooke a tenté de répondre à cette question, il n’arrivait pas à trouver les données dont il avait besoin.

En effet, la plupart des lacs font l’objet d’une surveillance au niveau provincial et il y a un manque de cohérence à l’échelle du pays. « Ils utilisent différentes méthodes, » explique M. Huot. « Certains le font de manière très approfondie, d’autres beaucoup moins, ou bien ils ne rendent pas les données disponibles ».

Pour obtenir une vision plus claire, il s’est associé à des chercheurs de 13 différentes universités pour lancer en 2016 le Réseau du CRSNG sur l’état des lacs du Canada. Au cours des trois étés suivants, des équipes d’étudiants diplômés et de boursiers post-doctorat sont allés surveiller des lacs de Terre-Neuve au Yukon.

Sur chaque nouveau site, ils installaient une tente pour abriter leur laboratoire mobile, pagayaient pour prélever des échantillons et les ramenaient pour les analyser. Beaucoup d’analyses différentes.

En plus de mesurer tous les paramètres courants — comme le total de phosphore, d’azote et d’oxygène — ils ont prélevé des carottes de sédiments qui ont révélé l’histoire du lac. Ils ont suivi la quantité de lumière émise par le lac pour évaluer les niveaux d’algues à l’aide de satellites. Ils ont examiné l’ADN bactérien et ont cherché des produits pharmaceutiques, des pesticides et autres contaminants.

Un aperçu exhaustif de la santé de l’eau douce

En septembre 2019, ils avaient visité un nombre stupéfiant de 664 lacs d’un bout à l’autre du pays. « Nous avons voyagé partout où il y avait des routes, » dit M.Huot. Les données obtenues ont dressé le portrait le plus complet jamais réalisé de la santé des eaux douces du Canada.

Certaines de ces constatations ont confirmé ce que les scientifiques savaient déjà. Dans l’ensemble, la plupart des lacs étaient relativement sains. Le problème le plus courant, en particulier dans le sud du Canada, était l’eutrophisation – un état dans lequel les nutriments provenant de sources telles que les usines de traitement des eaux usées et le ruissellement agricole accélèrent la croissance des algues.

Mais il y a eu aussi des découvertes inattendues. Les chercheurs de LakePulse ont trouvé des niveaux élevés — et potentiellement dangereux — de sels de voirie dans les lacs. « La plupart des lacs dont le bassin versant est traversé par des routes présentent un excès de sel, » dit M. Huot. Ils ont également constaté une contamination par des éléments tels que des pesticides, des produits pharmaceutiques et des produits de soins personnels, même dans les lacs les plus éloignés.

Ouvrir l’accès au trésor que représente LakePulse

Maintenant, tous ces résultats sont disponibles dans DataStream. M. Huot fait l’éloge des exigences rigoureuses de la plateforme en matière de balisage des métadonnées et des contrôles de validation, qui permettent à d’autres chercheurs de l’utiliser en toute confiance.

Il est particulièrement important d’avoir des données sur l’eau douce, car la population croissante du Canada exerce une pression accrue sur les lacs et le changement climatique modifie rapidement leur fonctionnement.

Plus d’habitants signifie plus de routes, d’égouts et de demande d’eau potable. Des températures plus chaudes signifient moins d’oxygène pour les poissons et des changements généralisés dans les écosystèmes aquatiques. La prolifération des algues rendra les lacs moins propices à la baignade et, dans les cas extrêmes, les rendra impropres à la consommation.

C’est pourquoi M. Huot étudie actuellement les moyens de tirer parti de l’aperçu exhaustif produit par LakePulse et de suivre l’évolution de la santé des lacs canadiens au fil du temps.

En attendant, il compte bien que d’autres enquêteurs se penchent sur les résultats de LakePulse sur DataStream pour en tirer de nouvelles conclusions. « Il y a tellement de choses à explorer avec cet ensemble de données, » dit-il. « C’est à la créativité des scientifiques de s’en emparer et d’en faire ce qu’ils veulent ».

Ce blog a été publié pour la première fois dans le Water News Magazine de l'automne 2023: https://www.flipsnack.com/waternews/current-edition-volume-42-no-4-fall-2023/full-view.html?p=28

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