RivTemp : La surveillance des températures pour le bien du saumon

Le saumon atlantique est présentement dans « l’eau chaude », au sens propre comme au sens figuré. Les changements climatiques et la déforestation font augmenter la température des rivières dans nombreux bassins versants du Québec et du Canada atlantique. Et c’est une mauvaise nouvelle pour cette espèce des eaux fraîches qui doit déjà faire face à une foule d’autres pressions.

L’eau plus chaude impose à leur corps un stress important. Elle contient également moins d’oxygène dissous, ce qui rend la respiration difficile. Pour le saumon atlantique, des températures de l’eau supérieures à 25°C sont stressantes et peuvent être mortelles.

Alors que le nombre de saumons atlantiques diminue, RivTemp surveille de près les températures des rivières. Lancé en 2014, ce réseau rassemble universités, ministères et groupes locaux du Québec et du Canada atlantique. Le travail et la surveillance effectués par ces partenaires sont essentiels.

RivTemp regroupe actuellement les températures mesurées à 835 stations réparties dans 379 rivières. Il y en a même au Nunavik, où l’omble chevalier – un cousin du saumon – est confronté à des défis similaires. Les températures sont échantillonnées à une fréquence de 15 minutes à deux heures par des sondes enregistrant ces mesures. Certaines sondes sont installées uniquement pendant l’été, tandis que d’autres prennent des mesures toute l’année.

Cela représente une énorme quantité de données. À partir de son bureau principal à l’Institut national de la recherche scientifique du Québec, Claudine Boyer est chargée de valider, traiter et colliger le tout dans une base de données centralisée.

Selon la coordinatrice de RivTemp, les résultats obtenus grâce à cet effort collectif sont impressionnants pour plusieurs raisons. Tout d’abord, dans les rivières où les températures sont collectées depuis plusieurs années, les chercheurs peuvent cerner les tendances qui ont une incidence non seulement sur le saumon mais aussi sur les écosystèmes.

Au fur et à mesure que la base de données s’enrichit, les chercheurs peuvent extrapoler avec plus de confiance ces tendances à d’autres rivières non surveillées. Ils peuvent également vérifier des hypothèses : par exemple, étudier les effets potentiels des vagues de chaleur sur la santé à long terme du saumon.

Selon Mme Boyer, la base de données est tout aussi précieuse pour les groupes locaux que pour les organisations dédiées à la conservation du saumon atlantique, car elle leur permet de suivre l’évolution de la température des rivières dans leur propre bassin versant et de comparer avec d’autres. Et si ces tendances sont inquiétantes, les groupes peuvent utiliser ces données pour convaincre les bailleurs de fonds de soutenir les projets de restauration.

À présent, la majeure partie de ces données (par exemple, la température moyenne quotidienne) est disponible sur DataStream Grands Lacs. Mme Boyer espère que le fait de la partager sur une plus grande plateforme amplifiera sa portée et fera connaître RivTemp. « C’est un moyen de toucher un public plus large et de faire en sorte que davantage de personnes puissent en bénéficier », explique-t-elle.

Peut-être seront-ils même inspirés pour commencer à surveiller les températures des rivières dans leurs régions. Il y a encore beaucoup de lacunes à combler, dit Mme Boyer, et la collecte des données ne saurait être plus facile.

« Il suffit de trouver un bon endroit dans la rivière, d’installer une tige ou un autre type d’ancrage solide dans le lit de la rivière et de fixer solidement la sonde », explique-t-elle. « Après cela, il suffit de vérifier de temps en temps si l’instrument est toujours submergé et de le récupérer une fois par an pour télécharger les données ».

Selon Mme Boyer, la clé du succès de RivTemp est la collaboration entre les chercheurs et les groupes locaux qui collectent les données et le soutien des bailleurs de fonds. Aujourd’hui, DataStream est fier de se joindre à cette collaboration, donnant ainsi à un plus grand nombre de personnes la possibilité de constater et d’étudier les tendances du réchauffement des eaux douces.

Photo d'en-tête par Antoine Rivierre.

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