Soutien à la surveillance et à la restauration autochtones des cours d’eau au Nouveau-Brunswick

Cet article fait partie d’une série de blogues illustrant comment les données sur l’eau sont utilisées pour protéger l’eau douce

« Oh ! » s’exclame Alexa Meyer alors qu’elle se trouve sur les rives de la rivière Skutik (Sainte-Croix) par une fraîche journée d’octobre. « Une grosse anguille ! »

C’est un phénomène qui vaut la peine d’être célébré. Mme Meyer gère la conservation aquatique pour le Passamaquoddy Recognition Group Inc. (PRGI), une organisation à but non lucratif dirigée par des autochtones, qui représente les intérêts de la nation Peskotomuhkati à Skutik. L’un de ses objectifs est d’accroître la présence d’anguilles, de gaspareaux, d’aloses d’été et autres poissons indigènes dont la nation dépend traditionnellement.

Pendant des millénaires, les Peskotomuhkati ont habité une grande partie de ce qui est aujourd’hui le sud-ouest du Nouveau-Brunswick, s’étendant du lac Spednic, au sud de Canterbury, à la baie Passamaquoddy. Cette région comprend 11 bassins versants, dont celui de la Skutik.

Aujourd’hui, ces bassins versants sont confrontés à de nombreuses menaces liées aux barrages, à la déforestation, à l’augmentation des températures et à d’autres pressions humaines. Et cela signifie moins de poissons. En 2019, la nation a donc élaboré un plan de restauration du bassin versant de la Skutik. « Nous cherchons à rétablir le plus fidèlement possible la façon dont les Peskotomuhkati vivaient sur le territoire avant l’arrivée des Européens », explique Mme Meyer.

Une restauration judicieuse commence par de bonnes données

Pour guider ce travail, le PRGI avait besoin de données sur la qualité de l’eau. Ils ont demandé l’aide d’Atlantic DataStream, une plateforme en ligne à accès ouvert pour le partage des données sur la qualité de l’eau et des sédiments. Depuis son lancement en 2018, Atlantic DataStream rassemble des données sur la qualité de l’eau collectées par plus de 100 groupes de surveillance partout au Canada atlantique.

PRGI a ainsi pu voir quels groupes surveillaient les bassins versants sur le territoire de Peskotomuhkati et repérer les zones où la qualité de l’eau était la plus médiocre. Ils ont également pu identifier les zones pour lesquelles il manquait des données. Fort de ces constatations, le PRGI a lancé un programme ambitieux de suivi de la qualité de l’eau sur plus de 80 sites pour lesquels les données sont insuffisantes.

Chaque mois, Mme Meyer et son équipe utilisent des sondes portatives pour contrôler l’oxygène dissous, la salinité, le pH et d’autres paramètres sur chaque site. Ils ont également installé des enregistreurs de température pour suivre les tendances du réchauffement. Si les résultats sont médiocres, ils envoient les échantillons à un laboratoire pour une analyse plus approfondie.

Redonner aux rivières leur statut de rivière

Ces données ont aidé le PRGI à lancer divers projets de restauration ciblés. Par exemple, en 2021, ils ont retiré des ponceaux effondrés et d’autres structures qui bloquaient le passage des poissons, ce qui a permis d’ouvrir plus de huit kilomètres de cours d’eau.

« En retirant [ces obstacles], on rétablit le débit de l’eau, on permet aux poissons de revenir dans cet habitat, on améliore l’apport en oxygène et on prévient les blocages excessifs de sédiments », explique Mme Meyer.

Ils ont également planté des arbres pour aider à stabiliser 700 mètres de berges où il y avait des problèmes d’érosion et de sédimentation.

« Nous faisons de notre mieux pour améliorer l’habitat des poissons et adopter une approche écosystémique, en tenant compte de toutes les autres créatures qui vivent dans cette région », explique Mme Meyer. Elle ajoute qu’ils ne font pas cavalier seul et qu’ils collaborent avec d’autres groupes de bassins versants identifiés grâce à DataStream.

Ces efforts collectifs font déjà la différence sur les sites de restauration. « La rivière est à nouveau libre d’être une rivière », dit Mme Meyer. Mais ce n’est que le début. Guidée par de bonnes données, elle se réjouit à l’idée de voir des victoires encore plus importantes - et davantage d’anguilles, de truites et autres poissons indigènes - dans les années à venir.

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